29.12.09

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On dit
Que des barques paraissent dans le ciel
Et que, de quelques-unes,
La longue chaîne de l'ancre peut descendre
Vers notre terre furtive.
L'ancre cherche sur nos prairies, parmi nos arbres,
Le lieu où s'arrimer,
Mais bientôt un désir de là-haut l'arrache,
Le navire d'ailleurs ne veut pas d'ici,
Il a son horizon dans un autre rêve.

Il advient, toutefois,
Que l'ancre soit, dirait-on,
lourde inusuellement,
Et traîne presque au sol et froisse les arbres,
On l'aurait vue se prendre à une porte d'église,
Sous le cintre où s'efface notre espoir,
Et quelqu'un de cet autre monde fût descendu,
Gauchement, le long de la chaîne tendue, violente,
Pour délivrer son ciel de notre nuit...
Y. Bonnefoy
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2 commentaires:

toutaubord a dit…

Descendu par la chaine pour soulager nos maux ? Une psychothérapie de groupe ? Bises

alterdom a dit…

Merci evelyne pour ce magnifique poème,
et ces enluminures visuelles;

j'espère que les 12 prochains mois nourriront ton pinceau et raviront nos yeux.

Beau 2010!