2.4.20

.



Être en suspens, c'est retenir son souffle. Et regarder avec le plus d'attention possible, ce qui est simplement là, ce qui s'offre à soi dans la présence des choses.
L'épreuve est dans cet équilibre conquis sur le vide; à tout moment il peut se rompre. Le funambule risque la chute, surtout lorsqu'il s'immobilise, qu'il s'exerce à se tenir là, presque sans bouger. C'est son propre élan qu'il retient et qui pourtant lui rendrait la stabilité.
La suspension n'est pas un temps arrêté avant qu'il se passe quelque chose, c'est l'événement même; l'entrée dans ce temps intime où en réalité la décision s'est déjà prise, mais nul ne le sait encore.

Anne Dufourmantelle (L'éloge du risque)


Aucun commentaire: