14.4.21

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A une voyageuse
 
Un perpétuel sourire se forme dans le sillage de la marcheuse
Seule trace qu’elle laisse
Du lancer de ses bras -
élégance fluide du corps mince, en avant-
Entièrement dans la retenue de qui connaît la valeur  de ce qui ne dure pas
Aux aguets, avec toute la ténacité d’une femme qui a décidé de s’approcher des autres
Yeux verts, obstinément.
Scrutant,  en silence, mais  en veillant à ce qu’aucune  tension ne vienne troubler le regard et déranger l’oiseau
Composant le tableau, par de menus mouvements de son appareil
Mille fois effectués
Jusqu’à ce que le monde se tienne en équilibre, juste devant elle.
Elle a la certitude calme de retrouver la fleur qui l’attend,
derrière la baraque abandonnée, encore fumante
près du temple  envahi par les mauvaises herbes,
dans une clairière, en plein vent,
sur le littoral rougeoyant , et les lieux les plus humbles et improbables.
Confiante.
Le pas est serein ; il peut s’offrir la lenteur,
Suspendre son souffle pour mieux voir.
Et, comprendre en voyant.
Car elle sait  que, quoi qu’il arrive, l’image est déjà prise.
Et, prête à être rendue, dans un geste ritualisé qui ressemble à celui de l’offrande.
 
Sandrine Gache

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