20.3.23

.

 

Tu m'as dit: "Je veux voir des arbres fleurir dans le désert"
je t'ai dit: "Il suffit de changer de point de vue"

22.1.23

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Le temps qu'il reste à faire simple. Tout ce qu'on aime à faire seul, bien mieux le faire, aussi, en se tenant, et puis s'aimer portes ouvertes, faire de l'air, laisser le vent et respirer.

Marcher longtemps au bord des eaux, aller plus loin, mettre les îles en capuchon, ouvrir les yeux. Partir au ciel où il fait bleu, ouvrir un livre, se le prêter, faire musiques où on les aime.

Longer du doigt les cicatrices, se caresser. S'accompagner, faire du temps un avantage. Et se dormir au creux des bras s'il fait envie ou bien besoin. Se serrer doux. En tendre, en fort.

Tenir la main.

jean Diharsce

11.12.22

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 "Il faut veiller sur la lumière"

25.11.22

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Rien dans cette vie n’est vain. Rien dans cette vie ne dépend de nous. Cette vie nous est donnée, et avec elle nous est donnée bien plus que ce qui nous sera repris le jour de notre mort.

C.Bobin


6.11.22

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Si toi aussi tu cultives l’éphémère,
Que restera-t-il quand les pluies de novembre 
auront délavé nos messages ?

Peut-être le germe d’un nouvel élan
Dans la mémoire du vent
 
Ev

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 Échange de bons procédés

Je te dirai tes quatre vérités
et tu feras mes quatre volontés

La séduction
n’est pas
une science exacte

Avec la somme de tes qualités
tu n’obtiens pas mon amour

Premier amour
deuxième chance
troisième dimension
quatrième saison
cinquième couleur
sixième sens
septième art

Les chiffres aussi
sont des histoires

 Azadée Nichapo

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Tout pèse et tire alentour
L'oeil peine à quadriller l'espace

 Alors nous opposons quelques signes
au pouvoir de la nuit
 
Quelques paroles fichées en terre
pour le flux mouvant des ombres
 
Comme si seule comptait
notre présence dans le noir.

 *

L'espace a besoin de nous
pour se savoir espace
 
Nous avons besoin de lui
pour nous savoir nous
un plus un - seuls
aussi seuls
que le premier arbre
de la première île.

 Marilyse Leroux, Ancrés. Éditions Rhubarbe, 2016

4.2.22

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Tu grandis bien au chaud
dans mes mots d’amour
et parfois tu as mal
à ma folie et mes fêlures
tout ce qui en moi résiste
veut vivre
Une parole nue délivrée
tout est là qui bat, se délie
Entre les cuisses
la mer, le souffle de l’eau
à faire naître la vague à ta bouche
Je sais ce qu’il faut de désir
de douleur pour se sentir vivant
Viens blottir ton cri
au creux de ma joie vive
mes marées de sel
te muscleront le coeur
te feront des larmes de cire
un peu d’âme au bord des cils

Pat Ryckewaert 

24.1.22

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Dans l’absurdité de ce que sera demain
Il est trop tard pour qu’un devenir ne germe dans le présent.
Je ne serai donc qu’une fleur figée
Dans le jardin secret
Où tu cultives tes mystères.
De la chaleur de nos étreintes
Ne restera qu’un peu de sucre,
Lit cœur évaporé
Pour conserver les fruits
D’un amour enivrant

Ev


5.1.22

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Si peu que le vent nous rapetisse, nous réduise à un fil, apprendre dans nos déserts à chevaucher un grain de sable

Philippe Denis

31.12.21

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Ce matin
Dernier matin
Premier matin
........
Les lignes de fuite ne définissent pas un avenir mais un devenir. La destination est inconnue, imprévisible. C’est un devenir, un processus incontrôlable. C’est notre ligne d’émancipation, de libération. Elle est le contraire du destin ou de la carrière. Et c’est sur une telle ligne que je peux enfin me sentir vivre, me sentir libre.

On est devenu soi-même imperceptible et clandestin dans un voyage immobile. Plus rien ne peut se passer ni s’être passé. Plus personne ne peut rien pour moi ni contre moi. Mes territoires sont hors de prise, et pas parce qu’ils sont imaginaires, au contraire, parce que je suis entrain de les tracer  Nous devons inventer nos lignes de fuite si nous en sommes capables, et nous ne pouvons les inventer qu’en les traçant effectivement, dans la vie 

                                                                 Fitzgérald (mille plateaux) 




27.12.21

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Sauvez mes yeux
Lorsque j’aurai tout perdu ,sauvez mes yeux
sauvez mon regard, qu’il ne se perde point !
C’est la seule chose que je regretterai 
car le brin de vie qu’il me reste encore
provient de mes yeux, je vis à travers eux
adossé à un grand mur qui s’écroule.
Par les yeux je connais, aime, crois, et sais,
je peux sentir, toucher, écrire, et grandir
jusqu’à la hauteur magique du geste,
au moment où le geste ronge ma vie;
en chaque mot il faut sentir le poids
de ce corps très lourd qui ne m’obéit plus.
Par les yeux je me reconnais, je me touche,
je vais et je viens dans l’architecture
de moi-même, en un effort tenace
pour rechercher la vie et l’épuiser.
Par les yeux je sors boire la lumière,
avaler le monde, aimer les filles,
déchaîner le vent et calmer la mer,
me brûler de soleil et m’enduire de pluie.
Lorsque j’aurai tout perdu sauvez mes yeux.
Disparu, je ne vivrai que par le regard.

Miquel Marti i Pol


8.7.21

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Tu poses tes mains sur le clavier et tu écris.
 
Tu lui dis que tu l'aimes
mais chaque mot n’est qu’un prétexte
pour te convaincre que tu es toujours vivante
Tu lui dis que tu restes
mais chaque phrase ne s’imprime que pour fixer
les vibrations auxquelles tu t’accroches encore
Tu lui dis qu’il t’inspire
mais chaque signe n’est qu’un support
entre l’ébloui et l’englouti
Tu lui dis qu’il te fait du bien
mais chaque poème n’existe
que  pour toi

Ev

7.7.21

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Je n’ai plus que mes mots
Pour conserver les traces
Je n’ai plus que ma prose
De chercheuse d’échos
Je n’ai plus que ma plume
Pour caresser ta peau
Je n’ai plus que mes mots
Sous le clair de la lune
Je n’ai plus que mes mots
Et je n’ai plus de feu
Ouvre moi ta porte
Et sur les pages blanches
A l’encre indélébile
J’écrirai les mots-clés

Ev

 

11.6.21

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 Échange de bons procédés

Je te dirai tes quatre vérités
et tu feras mes quatre volontés

La séduction
n’est pas
une science exacte

Avec la somme de tes qualités
tu n’obtiens pas mon amour

Premier amour
deuxième chance
troisième dimension
quatrième saison
cinquième couleur
sixième sens
septième art

Les chiffres aussi
sont des histoires

 

Azadée Nichapour

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 Il y a VIE dans mon nom
Il y a ENVIE
Il y a L’ENVIE
 
Il y a deux L dans ton nom
 
Vol éphémère
Des galets au soleil
Entre l’eau et le ciel
La vie ne bat que par ses ailes
 
Ev

3.5.21

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Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.

C.Baudelaire

25.4.21

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              Elle a fait des voyages
              Sans jamais prendre un train
              Parcouru des silences
              Rêvé sous les nuages
              Inventé des étoiles...

              Il est parti au loin
              Pour construire un ailleurs
              Pour découvrir le monde
              Pour dévaler les dunes
              Pour décrocher la lune.
 
              Ils se sont croisés
              Ils se sont manqués
              Il y a eu des éclipses
              Des erreurs d’aiguillage
              Mais chacun sur leurs voies 
              Sous l'horloges des quais
              Ils remontaient le temps

              De parallèles en parallèles
              Ils attendaient un signe
              De leur cœur en consigne
              Et tout au bout du quai
              Au bout des grands voyages
              Ils se sont retrouvés
              Dans le hall des pas perdus
 
               Ev


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Le premier homme de la préhistoire qui composa un bouquet de fleurs fut le premier à quitter l'état animal ; il comprit l'utilité de l'inutile.

Okakura Kakuzo



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Evade toi!

14.4.21

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A une voyageuse
 
Un perpétuel sourire se forme dans le sillage de la marcheuse
Seule trace qu’elle laisse
Du lancer de ses bras -
élégance fluide du corps mince, en avant-
Entièrement dans la retenue de qui connaît la valeur  de ce qui ne dure pas
Aux aguets, avec toute la ténacité d’une femme qui a décidé de s’approcher des autres
Yeux verts, obstinément.
Scrutant,  en silence, mais  en veillant à ce qu’aucune  tension ne vienne troubler le regard et déranger l’oiseau
Composant le tableau, par de menus mouvements de son appareil
Mille fois effectués
Jusqu’à ce que le monde se tienne en équilibre, juste devant elle.
Elle a la certitude calme de retrouver la fleur qui l’attend,
derrière la baraque abandonnée, encore fumante
près du temple  envahi par les mauvaises herbes,
dans une clairière, en plein vent,
sur le littoral rougeoyant , et les lieux les plus humbles et improbables.
Confiante.
Le pas est serein ; il peut s’offrir la lenteur,
Suspendre son souffle pour mieux voir.
Et, comprendre en voyant.
Car elle sait  que, quoi qu’il arrive, l’image est déjà prise.
Et, prête à être rendue, dans un geste ritualisé qui ressemble à celui de l’offrande.
 
Sandrine Gache

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Nous nous tenons au-dessus d'un précipice, au bord de l'abîme, et alors que nous attendons, l'abîme se fait de plus en plus grand, de plus en plus large, de plus en plus profond, mais je suis assez folle pour penser que peu importe de quel côté nous sautons, lorsque nous sauterons nous serons capables de voler.

Diane Arbus

3.4.21

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Me reconnaîtrais tu si on se rencontrait ?

 Tu ne sais rien de moi
Que la puissance de mon désir
Dans cette chambre jaune
 Où se cherchent nos corps

 A vouloir nous toucher
Les mots se sont troublés
Et du chant des sirènes
 Ne reste que l’écho
 
Si tu entendais ma voix, te retournerais tu ?
 
La lumière tamisée
N’a jamais révélé
Que nos regards fiévreux
 A l’orée des secrets
 
Si tu croisais mes yeux, t’y reconnaîtrais tu ?

Ev


19.3.21

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 Je t’ai rencontré sous un ciel de pluie
tu étais là mouillé jusqu’aux cils
assis au milieu d’un sourire
et le coeur entrouvert.
Je t’ai rencontré au fond d’un verre de vin
dans la douceur d’un soir et d’un printemps à naître.
Souviens-toi
tu m’as dit c’est le temps de se blottir
alors je me suis faite docile
petit animal en boule
à te sentir battre en dedans
à me sentir vivante.
Tu m’as dit
il faut se serrer et se consoler
ne plus s’effrayer à s’embrasser
se dire les mots de l’amour et du désir.
Dans le clos de l’étreinte
à l’heure de se rapprocher
nous sommes là à naître de l’autre
à nous faire plus tendres.
Embrasse-moi, embrase-moi
avec ta peau, ta bouche et ton coeur
jusqu’à l’étincelle et le grand feu.
 
Pat Ryckewaert 

16.3.21

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Il sait désormais qu'il doit renoncer à l'imposture des mots ancrés dans l’immuable et l’éternel: l’image poétique est verticale, fusée de lave qui retombe et pétrifie.
Qu’il doit regarder par cette déchirure commune: les mots ne sont debout que le temps d’un poème et nous n’habitons que des ruines futures.
Pour deviner déjà que tout poème, peut-être, est dans sa quête même
 
M. Baglin

 

10.3.21


Quand je survole les contrées de ma mémoire,
des chemins singuliers s’étirent et se nouent,
étranges calligraphies donnant corps au silence pétrifié.
Les entrelacs du temps énigmatique et fatal
révèlent l’empreinte d’un vivant sans nom et sans visage
 
Pénétrer l’espace, le remplir du regard
Rendre visible le silence
Arracher des lambeaux au vide qui se creuse
Faire surgir de nouvelles images
Conserver une trace, un sillon, une route, un signe.
 
Essayer de retenir quelque chose

Ev

5.3.21

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Lignes de fuite, ligne de rencontre. Ligne de fuite d'une parole, ligne de rencontre des regards. Ligne de fuite avec ou sans horizon. Ligne de rencontre des êtres debout et immobiles. Les lignes ne se croisent que lorsque on les invente.

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 ... A la lumière d'hiver


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Dans l'ombre et l'heure d'aujourd'hui se tient cachée, ne disant mot, cette ombre d'hier. Tel est le monde. Nous ne le voyons pas très longtemps : juste assez pour en garder ce qui scintille et va s'éteindre, pour appeler encore et encore, et trembler de ne plus voir.

Philippe Jaccottet

15.2.21

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Qui je préfère de vous ou de toi ?
Vous qui animez mon imaginaire
Toi dans nos corps à corps si réels
Vous qui entretenez ma créativité
Toi avec qui je veux tout créer
Vous que je rencontre toujours pour la première fois
Toi mon tendre alter ego que je connais depuis si longtemps
Vous que je veux séduire et conquérir
Toi face à qui je rends les armes
 
Qui je préfère ?
Toi en vous, vous en toi
Et toi en moi

Ev

13.2.21

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Tu avanceras
du chemin jusqu’au seuil
Tu presseras
ta main sur la poignée
Tu poseras
tes pas, ton sac et ta journée
Tu entendras
ma voix pénétrer le silence
Tu devineras
que tout est à portée
Tu comprendras
qu’il n’y a pas de clé pour le bonheur.
 
Un seuil à franchir, une frontière, un visage, des mots
Je n’ai rien d’autre à t’offrir
que quelqu‘un derrière la porte.

Ev

12.2.21

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 L'amour est dangereux, dit-il.
– Très, renchérit l'ange. Et alors ?
 
P. Coelho

29.1.21

[...]
Je te voyais, ces jours ci, dans la lande, là-bas, où tu sais...
Je t'y voyais bouger, à peine te pencher vers cette terre
que nous aimons bien tous les deux, et tu te prosternais
à demi, comme une madone, et je n'étais pas là... ni toi...
Ce que je voyais c'était mon rêve..

L.Ferre

15.1.21

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Au rythme de la lune et des marées
A la croisée de nos contre-courants
Mes caresses de bonne espérance
Cherchent un nouvel itinéraire.
Mais les flots chaque fois
Me ramènent à la terre
Comme une barque embouteillée
Gardant ton port d’attache.
Sur ma rive sans nom
Les vagues meurent et renaissent
Emportant les messages
Qui roulent dans l’écume

Il y a une barque fuyant les terres d’écueil
Il y a des signes pour conjurer l’amer
Il y a mes mots sous le verre qui t’attendent

Ev

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Dans l’absurdité de ce que sera demain
Il est trop tard pour qu’un devenir ne germe dans le présent.
Je ne serai donc qu’une fleur figée
Dans le jardin secret
Où tu cultives tes mystères.
 
De la chaleur de nos étreintes
Ne restera qu’un peu de sucre,
Lit cœur évaporé
Pour conserver les fruits
D’une illusion d’amour

Ev

13.1.21

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Sans cesse
on traverse des cloisons
qu'on crève
ou qui retombent derrière nous
sans bruit

Qui paraît alors
dépouillé
reconstruit
regard surpris
par les toiles mouvantes
de nos abris
les plus sûrs ?

Qui suspend le pas
et craint de naître ?

 Danièle Corre

24.12.20

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Célébrer la vie 
Sauvegarder l'étincelle
L'hiver attendra

 

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Il est grand temps de rallumer les étoiles

G.Apollinaire

 

14.12.20

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 Il est des messages dont le destin est la perte,
des mots antérieurs ou postérieurs à leur destinataire,
des images qui viennent de l’autre côté de la vision,
des signes qui pointent plus haut ou plus bas que leur cible,
des signaux sans code,
des messages enrobés dans d’autres messages,
des gestes qui butent contre la paroi,
un parfum qui régresse sans retrouver son origine,
une musique qui se déverse sur elle-même
comme un escargot définitivement abandonné.
Mais toute perte est le prétexte d’une rencontre.
Les messages perdus
inventent toujours qui doit les trouver.
 
R.Juarroz

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Soulève tes paupières
regarde-moi dans les mots
le coeur béant
laisse aller le souffle et la lumière
entre nous
plus rien n’est menace
tout est à étreindre.
Dans ce passage confidentiel
passerelle au-dessus du temps
n’aie plus peur
même si je bouscule un peu tes certitudes
les miennes sont déjà dans le vent.
 
P. Ryckewaert 


10.12.20

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Ce qu'il y a on n'en sait rien
un soleil sans doute sur le point de
disparaître l'éblouissement
avant la nuit de ce qui se perd
toujours ou au contraire
l'éclat de ce qui vient la neige au matin
un silence plein de cris d'enfants
qu'on ne voit pas mais qu'on sent tout près
là comme un souffle entre deux instants

J.Ancet 

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La vie est bien trop courte pour perdre son temps à se faire une place là où l’on en a pas, pour démontrer qu’on a ses chances quand on porte tout en soi, pour s’encombrer de doutes quand la confiance est là, pour prouver un amour à qui n’ouvre pas les bras, pour performer aux jeux de pouvoir quand on n’a pas le gout à ça. La vie est bien trop courte pour la perdre à paraître, s’effacer, se plier, dépasser, trop forcer. Quand il nous suffit d’être, et de lâcher tout combat que l’on ne mène bien souvent qu’avec soi, pour enfin faire la paix, être en paix. Et vivre. En faisant ce qu’on aime, auprès de qui nous aime, dans un endroit qu’on aime, en étant qui nous sommes, Vraiment

A. Jolien

30.11.20

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J'ai besoin de plumes, de coups de vent, de papillons et de lumière
De trous dans l'atmosphère, où l'on tombe en se tenant le coeur
J'ai besoin du mystère d'un craquement de branches dans les feuilles
De trisses, de nuages en jachère
Que les doigts de l'homme ne labourent pas
Des nuages de passage
Qui traversent les yeux
Pour y pleurer de joie
J'ai besoin d'air 
J'ai besoin d'un éclair
Déchirant d'or le ciel
D'une blessure éphémère
D'où des sequins d'eau pure
Feraient des trombes sonnantes
Des danses trébuchantes
En brisant sur l'asphalte des morceaux de miroirs
J'ai besoin de tourbillons d'écume
Galonnant les dos ronds de rocheuses baleines
De ruisseaux abandonnés à la caresse des rais
J'ai besoin d'entrer les chevilles, le ventre et les mains dans la rivière
Laisser courir ma chevelure avec le courant vert translucide
Entre les bêtes préhistoriques
Qui s'en vont boire sur le sable
Les coquillages des lacs salés
J'ai besoin de la mer 
J'ai besoin des chemins, des cailloux, des chairs d'ocre effritées
Qui colorent la peau de la mémoire des pierres
J'ai besoin de pas et de poussière
Des fractures parfumées qui fendent la montagne
Des lézards figés comme des fossiles
Et qui soudain s'éclipsent en un battement de cils
J'ai besoin de la boue et de l'argile
Des racines affleurant à la commissure des ornières
J'ai besoin de la terre J'ai besoin d'une main dans la mienne
Non pas d'un inconnu
Celle d'une histoire ancienne
Peut-être d'avant moi
Une main douce et de poids
Qui aurait son pesant d'avoir été morte un jour
Mais qui aurait ressuscité en effleurant l'amour
J'ai besoin d'un visage sur mon ventre
Dont les lèvres aimantes boiraient à mon nombril
L'encre indélébile
Dont elles se signeraient
Avant de quitter leur église
J'ai besoin de ta voix qui porte le silence
Quand je ne le peux pas
J'ai besoin de ta chair
Et j'ai besoin de toi

A.M.Carulina Celli

19.11.20

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On peut rêver
De partir.
On peut rêver
De rester.
Le mieux
Est de partir dans le rester
Comme le soleil,
Comme la source,
Comme les racines.

E.Guillevic

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Ce soir, j'imagine que je suis dans un bateau à voiles, en pleine mer. 
Les journées de lumière se raccourcissent, l'air se rafraîchit, il fait route vers le nord.
Il y a des jours sans vent, en arrêt en latitude et en longitude, des jours épinglés par un collectionneur de papillons.
Aujourd'hui, c'était un de ces jours-là.
J'ignore tout de ce voyage, je ne sais ni où ni quand aura lieu l'accostage sur la terre ferme. Ce qui compte pour moi c'est que les jours aient un sens, avec une proue qui glisse lentement en avant en compagnie du temps.

Erri De Lucca

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Il faudra beaucoup d’amour
pour se redresser au milieu du chaos
ne pas vaciller au bord des plaies
Il faudra beaucoup d’amour et du courage
à se tendre vers le jour qui vient
Il faudra beaucoup d’amour
pour se garder vivants.
On dit que la corneille est morte
et qu’il n’est plus le temps
des chemins et des buissons d’odeur
ni du café de l’Ormeau où j’attendais Camus
du vin rosé à me faire l’accent, à me faire heureuse
des amis à se parler fort.
Il fait pourtant cet infini bleu
sur mon Rocher du Bout
et le jour à peine écrit s’essouffle déjà.
Ils ne viendront plus, je le sais
lui, l’oiseau et ses poèmes à me faire chavirer
à renverser le ciel.
J’ai mis ma petite robe rouge
celle à faire siffler le vent et j’attends.

  P. RYCKEWAERT